Témoignage fratrie – Camille et Hugo
Hugo, 30 ans, est le grand frère de la charmante Camille, 28 ans. Il a accepté de nous parler de sa relation avec sa petite sœur vivant avec la trisomie 21.
Hugo considère avoir une relation typique frère-sœur avec Camille. Ils prennent plaisir à se taquiner et à se chamailler.
« C’est du piquage dans le plaisir, ça a toujours été comme ça, même quand on était jeunes. On a toujours eu une belle relation. Le fait qu’il y ait un chromosome de plus ou de moins ça ne change rien. »
Il nous raconte qu’il était assez jeune lorsque sa mère lui a parlé de la trisomie de sa sœur.
«Je venais de me chicaner avec ma sœur quand on a abordé le sujet. J’avais 5 ou 6 ans et elle avait 3 ou 4 ans. Comme tous bons frères et sœurs, on s’obstinait et je m’étais mis à pleurer parce qu’elle avait brisé mon collier et semblait l’avoir fait exprès. Ma mère m’a alors expliqué la situation de Camille. J’ai compris sur le coup, mais ça n’a jamais eu un impact sur la manière dont je regardais ma sœur. Pour moi, elle a toujours été ma petite sœur, qu’elle ait la trisomie ou pas.»
Lorsqu’on demande à Hugo quelles étaient leurs activités préférées plus jeunes, il nous partage qu’il a souvent gardé sa sœur et donc, qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble. Camille, n’étant pas une adepte d’activités sportives, aimait beaucoup jouer à des jeux de société, faire des casse-têtes et écouter des films avec son frère. En vieillissant, ils ont aussi commencé à jouer à des jeux vidéo ensemble.
Aujourd’hui, les moments qu’ils chérissent le plus sont leurs sorties au cinéma.
« C’est des moments qui comptent beaucoup pour elle je pense et pour moi aussi. Que ce soit sa fête ou Noël, ce qu’elle veut toujours comme cadeau c’est d’aller au cinéma avec son frère. »
À l’adolescence, il lui est arrivé de s’inquiéter pour sa sœur puisqu’ils ne fréquentaient pas la même école. Heureusement, Camille a été dans de super bonnes classes et fut bien intégrée dans les activités.
« Ça m’a rassuré de savoir que les gens la connaissaient et aimaient interagir avec elle. En tant que grand frère, tu es protecteur de ta petite sœur alors j’étais inquiet de ne pas être à l’école avec elle, mais ça n’a jamais été un enjeu, heureusement. »
Il pense qu’aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus ouverts à la diversité.
« On a tendance à anticiper le négatif, mais il se passe beaucoup plus de belles choses qu’on ne le pense. »
Hugo nous dit que Camille lui a appris la patience. Une qualité qu’il a su développer notamment lorsqu’il la gardait. De plus, il dit que le grand positivisme de Camille lui a appris que parfois, ça ne sert à rien d’être négatif.
« C’est une relation d’apprentissage dans les deux sens. Autant que tu vas apprendre des choses à ta sœur qu’elle va t’en apprendre en retour. »
Nous avons ensuite questionné Hugo à savoir si l’avenir lui faisait peur concernant ses responsabilités envers sa sœur.
« Non. J’ai réfléchi à cette question lorsque j’ai déménagé. Je me suis toujours senti ouvert à accueillir Camille chez moi s’il arrivait quoi que ce soit. Pour moi, ça n’a jamais été une question. »
Finalement, il considère qu’avoir grandi avec une petite sœur vivant avec la trisomie 21 aura simplement été une expérience positive.
« Tu pourrais avoir deux enfants neurotypiques avec une relation beaucoup moins développée que celle que j’ai avec Camille. Quand on a un enfant vivant avec la trisomie dans la famille, oui il y a certains enjeux auxquels faire face, mais à mon avis la fratrie ne devrait pas être une cause de souci. Pour ma part, cela a rapproché tous les membres de la famille. »
Merci à Hugo pour son merveilleux témoignage.