Portrait de Jeanne, 5 ans

Lorsque Jeanne est arrivée sans prévenir, ses parents ont été ébranlés, la maman comme la papa, chacun d’une manière différente mais d’une manière profonde. Personne n’avait vu venir ce chromosome en plus, personne n’avait annoncé sa particularité ni n’avait imaginé l’extra-ordinaire. Une fois passés les émotions et le premier choc, il était clair que la vie de famille allait continuer, avec son frère Adrien, qui avait alors 4 ans, et sa sœur Héloïse, 1 an. Le papa allait continuer à parler espagnol et la maman, français; et nous savions déjà que nous serions une famille comme les autres, avec un petit quelque chose en plus. C’était en 2014, à Nantes, en France.

Aujourd’hui, plus de 5 ans après, Jeanne est une petite fille en pleine forme, pleine d’énergie et d’amour, qui habite à Montréal depuis 2 mois, entourée de son papa, de sa maman et d’Adrien et Héloïse qui ont aujourd’hui 9 et 6 ans.

Si vous lui demandez comment elle vit ce grand déménagement dans sa vie, elle vous regarde et demande simplement: «Adrien? Héloïse? Papa? Maman?…» et attend que vous lui confirmiez qu’ils ne sont pas loin et qu’ils resteront là; et alors elle dit un petit: «ahhh ok!» et passe à autre chose. C’est si simple!

En France, Jeanne a été rapidement entourée des services sociaux, lui offrant des accompagnements en orthophonie, en psychomotricité et en kiné, lui permettant de développer ce qu’elle préfère aujourd’hui encore: bouger et sentir son corps. Parfois, son frère et sa sœur lui préparent des parcours d’embûches faits de coussins, de chaises et d’obstacles qui la poussent à aller chercher l’équilibre et la coordination. La semaine dernière, à la Fête des neiges de Montréal, Jeanne ne voulait plus partir du parcours Ninja malgré le froid et la neige. Elle adore danser et nous lui avons trouvé un cours de danse dans le quartier.

Après quelques années à la crèche, Jeanne a rejoint à 3 ans l’école de quartier à Nantes, avec son frère et sa sœur. L’accueil, bien préparé par une belle équipe pédagogique et ses parents, a été splendide et les presque 2 années passées là bas ont été superbes. Le départ a été dur!

Afin de permettre à la maman de s’engager activement en prenant la présidence d’une association locale regroupant des familles avec des enfants ayant la trisomie 21, Paqui, une nounou espagnole, s’est beaucoup occupée de Jeanne. Elle a un peu été sa deuxième maman, présente pour le meilleur et pour le pire, l’accompagnant à ses prises en charge et lui donnant tout l’amour possible.

Aujourd’hui, Jeanne va à la garderie à côté de la maison où elle a été bien accueillie dans un petit groupe d’enfants de son âge qui ont su lui faire une place. Elle regarde tous les matins Adrien et Héloïse entrer dans l’école de quartier et a hâte d’y aller avec eux. Ses parents sont extrêmement fiers d’elle.

Merci aux parents de Jeanne pour ce portrait.