Mon frère Joël
Le 16 mai 1988, en déposant Joël dans mes bras du haut de mes quatre ans, ma mère m’a dit : Fais attention, ne le serre pas trop fort ! Mais je ne pouvais pas m’en empêcher, je lui ai donné un énorme câlin, un amour inconditionnel était né pour MON petit frère. J’étais tellement contente d’avoir un frère, enfin!
La trisomie de Joël étant une surprise, mes parents étaient en état de choc, mais pour moi j’y voyais simplement un beau petit bébé. Le choc je ne l’ai pas ressenti ni vécu.
La vie avait changé, nous étions maintenant quatre et j’avais un nouvel ami, tout simplement.
Je n’ai pas de souvenirs de tous les changements que l’arrivée d’un enfant trisomique a eu chez nous, simplement les changements d’avoir un autre enfant dans la maison.
Très jeune j’ai été initiée à l’orthophonie, c’était une activité familiale, on jouait et je trouvais ça amusant. Ensuite j’allais faire mes cours de ballet ou de gymnastique.
Au primaire on prenait l’autobus ensemble pour se rendre à l’école. Joël était tellement sociable qu’il était le centre d’intérêt de mon groupe d’amis. Tout le monde voulait être son ami et mes copines voulaient toutes venir le garder.
Des moments difficiles ? Oui, bien sûr. Parfois un sentiment d’injustice ? Oui, aussi.
Mais aujourd’hui, du haut de mes 34 ans, je peux sincèrement dire que Joël a été un cadeau pour notre famille. Je dis souvent que je suis la femme que je suis grâce à mon frère, mais c’est vrai. Je suis toujours aussi fière de mon frère. Il est un jeune homme accompli qui réalise ses rêves. Il prend aussi son rôle d’oncle très au sérieux auprès de mes deux garçons.
Je suis simplement fière d’être sa sœur.
Judith Martin
Sœur adorée de Joël Martin
PS: Si vous le rencontrez dans les corridors du Regroupement pour la Trisomie 21, il sera certainement très heureux de discuter avec vous.